Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/208

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passait, qu’il monte à cheval et s’élance vers Odeypoor. Arrivé au seuil du palais, sans s’arrêter à aucune forme d’étiquette, il s’avance vers le prince, assis en ce moment au milieu de plusieurs de ses ministres, paraissant en proie à une violente affliction. Il demande : « La princesse est-elle morte ou vivante ? » Adjeit-Sing l’engage à ne pas troubler un père dans sa douleur. Alors le vieux chef détache le sabre qui pend à son côté, il défait son bouclier, et, les déposant aux pieds du rajah, lui dit d’un ton à la fois calme et résolu : « Pendant plus de trente générations mes ancêtres ont loyalement servi les vôtres. Il ne m’est pas permis d’exprimer ce que je sens : je le sais. Mais je dois pourtant ajouter ceci : c’est que ces armes ne seront jamais employées à votre service. » Puis, se retournant vers Adjeit-Sing : « Quant à vous, misérable, qui avez jeté cette ignominie sur le nom du rajah, que la malédiction d’un père retombe sur vous ! Puissiez-vous mourir sans enfants ! » Ayant ainsi parlé, il se retire et laisse l’assemblée entière frappée d’horreur, de crainte et de respect. Il vécut encore long-temps ; il continua à demeurer feudataire du rajah ; mais rien ne put le déterminer à reprendre jamais les armes pour son service. Le dernier enfant d’Adjeit-Sing mourut peu de mois après ; on ne douta pas que ce ne fût l’accomplissement de la malédiction prononcée par Seewan-Sing. Après le dénouement de cette tragédie, Ameer-Khan quitta Odeypoor pour se rendre à