Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/262

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effrayant. Un orage terrible éclatait au ciel, et de longs éclairs déchiraient les nues ; des deux côtés de la rivière, une multitude confuse bordait le rivage, faisant entendre des cris et des menaces ; des lueurs rougeâtres erraient çà et là dans la campagne. De nombreuses bandes armées se pressaient en désordre autour du chef anglais, lui adressant mille et mille menaces. Accompagné de huit ou dix soldats ou officiers, Gillespie, le front toujours calme, n’en continuait pas moins de s’avancer en toute hâte vers Palimbang. À peine y fut-il parvenu qu’il se dirigea vers le palais. La première cour était rouge de sang ; laissant quelques uns de ses compagnons dans cette première enceinte, il pénétra dans l’intérieur du palais qui, livré au désordre, au pillage, étalait un spectacle affreux : laissant voir çà et là des groupes de cadavres baignés dans leur sang. Le feu avait pris ou avait été mis dans plusieurs endroits de la ville, la pluie qui tombait par torrents ne pouvait en arrêter ou seulement en retarder les progrès. Déjà l’intérieur du palais était menacé ; les toits des maisons voisines s’enfonçaient de temps à autre avec un grand fracas, pendant que les craquements des bambous dont elles étaient bâties semblaient des décharges de mousqueterie. Après avoir dévoré les bâtiments extérieurs, l’incendie commençait à gagner le lieu où se tenaient les Anglais. Mais il fallait y rester ; on ne pouvait en sortir sans se mêler à une multitude hostile où les assassins devaient abonder.