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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/327

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craintes sur le résultat de l’expédition. L’armée tout entière, partageant, exagérant les dispositions de quelques uns de ses chefs, avait perdu toute confiance en elle-même, cette première condition des succès militaires ; l’audace, l’esprit d’entreprise paraissaient morts en elle. Ce fut en vain que toutes les stations militaires du Bengale et de Bahar furent mises à contribution pour fournir des renforts au général Marley ; à peine se décida-t-il à exécuter quelques marches dans la plaine ouverte de Turae ; il n’osa s’aventurer dans la forêt ni dans les montagnes. Enhardis de plus en plus par cette timidité, les Goorkhas parcouraient le pays à leur gré, venaient brûler des villages jusque dans le voisinage du camp anglais ; menaçant Bagurhee, ils élevèrent un camp retranché à peu de distance. Enivré de ses succès, le rajah, ou, pour mieux dire, la cour de Katmandoo ordonna à Rhugut-Sing, qui commandait de ce côté, d’attaquer les cantonnements anglais, de prendre sur tous les points une offensive hardie. Des dépêches sous le sceau rouge, c’est-à-dire expédiées de la manière la plus solennelle en usage chez les Goorkhas, arrivaient journellement pour lui renouveler cet ordre. À même d’apprécier les difficultés de l’entreprise, satisfait de ses dispositions, Rhugut-Sing différa sagement de les mettre à exécution. Les courtisans, partout les plus hardis guerriers, attribuèrent sa prudence à la timidité. Ils le sommèrent de venir à la capitale expliquer sa désobéissance ; mais ils