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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/379

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ni de la haine de ses propres sujets, ni des progrès rapides de ses ennemis. Peu à peu cependant il se vit délaissé, les uns après les autres, par ceux sur lesquels il comptait le plus ; ses amis s’éloignèrent en même temps que la fortune. D’ailleurs, il manifesta jusqu’au dernier moment de son règne cette même férocité qui en avait marqué le cours. Deux messagers lui ayant apporté de mauvaises nouvelles, il fit trancher la tête à l’un et empaler l’autre. Molligodda, son premier ministre, l’ayant abandonné, arriva dans le camp anglais ; il amenait avec lui plusieurs éléphants et la grande bannière du royaume, où se trouvaient le soleil et la lune, comme symbole de durée perpétuelle ; il apportait aussi les registres de la dewanie. Les autres chefs de la province qui ne s’étaient point encore déclarés pour les Anglais, suivirent cet exemple. S’étant rendu auprès d’Eheilapola, pour lui rendre une visite, le nouveau venu s’écria : « Je suis un homme ruiné ? » — Et moi ! que suis-je donc alors ? répondit douloureusement Eheilapola. Ces mots réveillèrent de pénibles souvenirs, et les deux chefs éclatèrent en gémissements.

Cependant l’armée anglaise arriva le 14 à la capitale. Le roi, tiré trop tard de la mensongère illusion sur sa sûreté inviolable où il s’était complu jusque-là, avait pris la fuite dès la veille. Pendant que les Anglais prenaient possession de la ville, un homme se présenta au quartier-général. Habillé à la ceylanaise, ses traits étaient pourtant eu-