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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/382

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de ses femmes ; la porte, fortement barricadée, résista, mais abattant une partie des murailles ils parvinrent jusqu’à lui. Comme il faisait nuit, des torches furent apportées, et le monarque déchu se vit exposé à la vue et à la dérision de ses ennemis. Dans l’infortune, il se montra aussi lâche et aussi abject qu’il avait été barbare et superbe à l’époque de sa toute-puissance ; il demanda la vie avec des larmes et d’humbles prières. Il demandait grâce pour ses femmes et pour lui aux partisans de ce même Eheilapola dont la femme et les enfants avaient péri par ses ordres dans d’horribles supplices. On lui donna la vie, mais on ne put le soustraire tout-à-fait aux injures et aux mauvais traitements de la populace. Au reste, n’en eût-elle pas agi de même quand il eût été un Titus ou un Louis XVI, au lieu d’une espèce de monstre tenant le milieu entre l’homme et la bête ? Donc le peuple, s’en étant saisi, lui attacha les mains derrière le dos, lui mit des entraves aux pieds, et le conduisit ainsi sous une grêle d’injures et de coups, jusqu’au prochain village. Mais là, une escorte anglaise s’en empara et l’accompagna jusqu’à Colombo, où une maison l’attendait, préparée pour le recevoir. Dans une des pièces de cette maison, se trouvait une vaste ottomane recouverte d’un drap écarlate. Il s’y élança dès qu’il l’eut aperçue, s’y assit les jambes croisées à la façon des tailleurs ; de là il examina avec une attention mêlée de plaisir et de surprise le lieu qui lui était assigné pour demeure. « Il ne m’est