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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/383

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plus donné d’être roi, dit-il, je n’en suis que plus reconnaissant des soins et des bons procédés que l’on a pour moi. »

Wickremee-Rajah-Sinha, suivant un témoin devenu plus tard l’historien de tous ces événements, était d’une taille élevée ; fort gros, doué néanmoins, suivant les apparences, d’une force assez considérable ; sa figure, assez belle, prenait par intervalle une expression agréable. « Beaucoup, ajoute-t-il, ont nié ses facultés intellectuelles. Je crois être certain pourtant qu’il ne manquait ni d’intelligence ni de pénétration. » Par un singulier contraste, la gaieté s’unissait en lui à la cruauté la plus insensée. Il répondait avec une complaisance inépuisable, à toutes les questions qui lui étaient adressées, en même temps qu’il racontait toutes ses cruautés, ses actes de barbarie, avec l’indifférence la plus complète. Il semblait se plaire à dévoiler les intrigues compliquées de sa cour. La conclusion de toutes ses histoires était invariablement une tête coupée pour ceux qui lui avaient déplu, leur flagellation jusqu’à la mort, l’écrasement dans un mortier, etc., etc. Tout cela lui semblait fort ordinaire, en même temps qu’il s’étonnait beaucoup de l’indignation ou de la surprise provoquée quelquefois chez ses auditeurs par ses récits. Car il n’est que trop vrai que la tyrannie ou l’esclavage peuvent changer ainsi le cœur humain. L’homme se déprave, se déshumanise pour ainsi dire entièrement, soit qu’il se place sur le trône