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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/388

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feu de son artillerie qu’il faisait approcher de très près ; il prétendait, disait-il, l’habituer au feu le plus chaud. Ces exercices avaient lieu deux fois par jour. Jamais il ne manquait d’y assister, dirigeant les moindres détails, aussi bien que l’ensemble, avec un degré d’énergie et d’activité qui fit faire à cette armée improvisée des progrès remarquables. Mais en même temps toutes ses mesures se trouvaient empreintes d’un caractère de violence et de précipitation chaque jour plus marqué. Lui-même ne vivait plus que dans une agitation perpétuelle ; on le voyait tour à tour en proie à des accès de sombre tristesse ou de bruyante gaieté. La mémoire l’abandonna complètement. Dès sa jeunesse il avait eu du goût pour les liqueurs fortes, il s’y livra alors avec passion, avec emportement. Un autre goût dont il s’était épris ne fut pas moins funeste à sa santé ; c’était celui de la fonte des canons : il passait des jours et des nuits auprès d’ardentes fournaises, se plaisant parfois à faire couler de sa propre main le métal bouillonnant dans le moule préparé pour le recevoir. Tout ce qu’il ordonnait devait être exécuté sur-le-champ, sans qu’il voulût tenir aucun compte des obstacles, quelquefois même de la possibilité ; autrement on le voyait tomber dans des accès de rage et de fureur à faire frémir tout ce qui l’approchait.

Après sept à huit mois passés dans les soins que nous venons de raconter, sa maladie fit des progrès visibles pour tous ceux qui l’entouraient, que lui-