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Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 5.djvu/93

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reçu, la nuit précédente, la nouvelle de la bataille de Deeg ; il s’amusait alors à voir danser de belles filles ; en proie à une sombre agitation, il se retira aussitôt sans communiquer la nouvelle à aucun de ses chefs. Le feu commence ; ceux qui l’entourent lui assurent que c’est le général Lake à la tête de son armée. Il se refuse à le croire, alléguant la distance qui la veille encore le séparait des Anglais. Ne pouvant plus douter de la vérité, il s’élance à cheval ; il essaie de rallier une partie de ses troupes et ne peut y parvenir. L’esprit tout rempli de fâcheux pressentiments, se sentant sous la main de la destinée, il s’enfuit en toute hâte avec ce qu’il peut rassembler de monde. Il passe la Calini, et prend la route de Manipoor. Le reste de l’armée, abandonnée à elle-même, se retire dans toutes les directions, et ne tarde pas à se disperser, toujours poursuivie par la cavalerie anglaise. Quand celle-ci s’arrêta, elle avait exécuté une marche de soixante-dix milles, ou 23 lieues et demie, l’une des plus extraordinaires dont l’histoire fasse mention. Mais c’est que le général Lake était un homme à enflammer toute une armée de sa propre ardeur. La perte des Mahrattes fut de 3,000 hommes, celle des Anglais de 30 tués ou blessés ; mais ce ne fut pas tout, la désertion se multiplia dans les rangs de Holkar ; en peu de jours sa cavalerie tout entière fut annulée, anéantie. Le lendemain de ce combat, le général Lake fit tirer trois saluts royaux en l’honneur de trois victoires : l’un pour la bataille