Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/261

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l’armée, aucun indigène ne s’était joint à elle, aucun rapport, même le plus fortuit et le plus accidentel, ne s’établit jamais entre un soldat anglais et un Birman.

Jusqu’à ce moment la cour d’Ava n’opposait aucune résistance à l’envahissement de l’empire. Mais comme les moyens de défense dont elle disposait ne laissaient pas que d’être fort considérables, il n’y avait pas à douter que l’ennemi ne parut bientôt en force quelque part. Cependant il ne s’était pas encore montré, lorsque les pluies commencèrent avec une extrême violence. En peu d’heures le pays se trouva mondé de manière à rendre impossible toute marche par terre, tandis que les moyens de transport par eau manquaient d’un autre côté complètement. Le temps manqua pour construire des bateaux ou pour remettre à l’eau ceux que l’ennemi en avait tirés ; enfin le nombre des matelots ne pouvait suffire à manœuvrer ceux qu’on s’était déjà procurés. Le seul parti à prendre consistait donc à demeurer sur la défensive à Rangoon jusqu’à la fin des pluies. Pendant ce temps l’escadre ne laissait pas que de courir de fréquents dangers. Les Birmans, toujours invisibles, se servaient, en effet, contre les vaisseaux d’un moyen de destruction singulier et ingénieux. C’était un long et large radeau formé de poutres de longues pièces de bois, attachées les unes aux autres par des liens lâches et flexibles, de manière à pouvoir s’éloigner les unes des autres sans cesser