Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 6.djvu/345

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on trouva un grand nombre de blessés ; tous confirmèrent le bruit de la mort de Bandoolach ; un d’eux, privé des deux pieds par un boulet de canon, raconta avec quelques détails la manière dont la chose était arrivée : « J’appartenais, dit-il, à la maison de Menghi-Maha-Bandoolach ; mes fonctions consistaient à battre le grand tambour pendu devant la maison du Woonghee. Avant-hier matin, entre neuf et dix heures, tandis qu’on préparait son dîner, il sortit pour faire sa ronde ordinaire des remparts ; il se rendit à son observatoire : c’est une tour élevée, sur laquelle se trouvait un lit de repos ; on ne tirait pas ; il s’assit et donna des ordres à quelques chefs. Tout-à-coup une bombe vint tomber dans son voisinage, et le tua roide d’un de ses éclats. Son cadavre fut aussitôt emporté et réduit en cendres. » Le bruit de cette mort ne tarda pas à se répandre parmi les soldats ; ils refusèrent d’obéir à un autre chef et de combattre davantage ; bientôt chacun ne songea plus qu’à sa propre sûreté.

Bandoolach présentait dans son caractère un étrange assemblage de cruauté et de générosité, de talent naturel et de manque de jugement. Les actes de cruauté qu’il fit commettre sont innombrables : il paraissait jouir d’un plaisir sauvage à assister à l’exécution de ses ordres sanglants ; souvent il faisait voler de sa propre main les têtes de ceux qui avaient manqué de zèle dans l’exécution de ses ordres. Cependant, ceux qui l’approchaient lui