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Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/20

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son existence, la faiblesse de sa vue lui fit craindre d’être condamné à devenir aveugle. Aussi dut-il recourir sans cesse aux services de secrétaires plus ou moins capables. Cet expédient dut être pour lui une cause de retards, un obstacle à bien des recherches, et même une occasion d’erreurs plus ou moins fâcheuses.

Que de fois le grand homme désespéra-t-il d’achever son œuvre, et surtout de lui donner la perfection qu’il entrevoyait !

Le 2 février 1742, il écrivait à un ami très intime : « Mon ouvrage augmente à mesure que mes forces diminuent. J’en ai pourtant dix-huit livres à peu près de faits, et huit qu’il faut arranger. Si je n’en étais pas fou, je n’en ferais pas une ligne. Mais ce qui me désole, c’est de voir les belles choses que je pourrais faire, si j’avais des yeux[1]. »

L’Esprit des Lois fut achevé cependant. Il parut en 1748. Depuis quarante ans et plus, l’auteur s’occupait d’études morales et politiques, et depuis vingt, plus spécialement, du chef-d’œuvre qu’il crut, enfin, pouvoir donner alors au public.

III

Tout en accumulant notes et extraits, Montesquieu jetait sur le papier les idées que lui inspirait l’étude des lois et des coutumes les plus diverses. Il rédigea même à l’avance des fragments isolés et notables de son futur livre. On a avancé que les Considérations sur la Grandeur des Romains étaient le développement d’un chapitre destiné à l’Esprit des Lois.

  1. C’est d’une lettre au président Barbot que nous extrayons ces lignes dont nous devons la connaissance à M. Raymond Céleste, bibliothécaire de la Ville de Bordeaux, qui prépare la publication de la Correspondance inédite de Montesquieu.