Page:Barckhausen - Montesquieu, l’Esprit des lois et les archives de La Brède, 1904.djvu/96

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Les jurisconsultes se partagèrent en plusieurs écoles ; ce qui produisit une infinité de décisions contraires. Les commentateurs vinrent et concilièrent tout. On ne sait qui valoit mieux d’eux ou des Scolastiques. Ceux-ci, au moins, n’ajustoient ou ne désajustoient que les idées que l’on n’a pas ; ceux-là renversoient les idées qu’on a.

Les imperfections générales des loix peuvent faire tort à la Société, comme les injustices particulières des Juges.*

Les loix civiles dépendent de tant de choses qu’elles peuvent avoir des défauts utiles et des imperfections nécessaires[1].


II. Du Jugement des Crimes à Rome[2].

Les Romains confondirent étrangement les idées des crimes. Cela vint bien en partie de la tyrannie des Empereurs. Mais je crois qu’il faut prendre l’origine de ceci de plus loin. Nous avons dit qu’à Rome[3], lorsqu’un crime étoit commis, le Peuple nommoit, par une commission particulière, un questeur pour en faire la poursuite. L’an de Rome 604, on commença à créer ce qu’on appella des questions perpétuelles ; c’est-à-dire qu’on fit des loix contre de certains crimes, qui fixoient la peine et la forme du jugement, et donnoit au préteur que le Peuple nommoit pour cela, une commission générale pour poursuivre les crimes qui étoient dans le cas de la loi et se commettroient durant l’année de leur administration. La première question fut celle qui fut faite contre les gouverneurs et les magistrats des provinces qui avoient fait quelque concussion[4] ; Sylla fit une question contre les meurtriers ; et, enfin, on établit huit questions par diverses loix, pour la poursuite desquelles on créa huit préteurs.

  1. Cet alinéa est biffé dans le manuscrit ; mais, en marge, on lit : « Mal effacé. »
  2. Ce titre n’est pas dans le manuscrit ; mais le chapitre est dans une chemise, sur laquelle on lit : « Pour le livre des Jugemens et Crimes, et surtout celui de Lèse-majesté, et se rapporte au livre 12e. »
  3. En marge : « Liv. 11, chap. 12. »
  4. En marge : « On l’appela de Repetundis. »