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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/105

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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

rellement ce renfort ne peut contrebalancer la Passion Toute-Puissante, et Aslar se voit dans la triste nécessité de poignarder son frère pour ne pas l’abandonner à l’ignominie. Divers épisodes relient le point de départ à la conclusion, et quelques fluctuations se produisent avec l’intention de maintenir l’auditeur indécis sur le résultat final. Ce but n’est pas atteint : Dès l’entrée de Yamina nous savons que Mirko lui sacrifiera tout ; les semblants d’indécision du jeune homme, la timide tentative d’Héléna pour reconquérir son fiancé, les grandes phrases rééditées à tout moment par Aslar, nous laissent l’impression d’être de simples prétextes pour prolonger le spectacle et permettre à l’opéra de dérouler tous ses morceaux et tous ses effets ; donc l’intérêt languit ou est nul.

Ce défaut provient moins des situations elles-mêmes, elles sont soutenables, que de la façon dont elles sont traitées et dont sont traités les personnages qu’il eût fallu moins conventionnels pour nous attacher. Nous ne comprenons pas l’esclave turque, principale héroïne ; d’emblée, elle pense à séduire Mirko pour se soustraire à la captivité, soit ; mais ensuite, sa liberté reconquise, pourquoi s’obstine-t-elle à retenir le fiancé d’Héléna et à le rendre parjure envers tous ? L’aime-t-elle ? Veut-elle en faire un allié pour ses compatriotes les Turcs ? Ou agit-elle par perversité, uniquement ? Rien ne nous instruit sur la version à adopter.

Héléna apparaît aussi bien flou, bien peu énergique pour défendre son bonheur ; une seule fois elle s’approche de son fiancé, lui rappelle sa tendresse et les