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LA MONTAGNE NOIRE. — LE LIBRETTO

promesses échangées, puis, l’ayant décidé à chanter avec elle une prière en duo, s’éloigne, toute tranquille, laissant Mirko aux prises avec Yamina, qui, elle, traite des sujets infiniment plus capiteux qu’une invocation à la Vierge.

Après cela, nous ne savons plus trop ce que devient la douce sacrifiée qui reparaît juste pour voir fuir son promis et Yamina tendrement enlacés, pousse des cris perçants, — auxquels accourent Aslar et compagnie, — dénonce la félonie de Mirko et s’abat, évanouie ou morte.

Et Mirko, tiraillé en tous sens ? Mon Dieu, il se prête assez volontiers à ces exercices d’élasticité, ce qui est très humain et surtout très masculin ! Cependant, ayant vu son frère d’armes poignardé par Yamina — rassurez-vous, le coup n’est pas mortel, nous ne sommes qu’au troisième acte et il y a en a quatre ! — il a laissé fuir sa maîtresse, pour se lamenter et se faire tuer près de son ami ; puis cet ami ressuscitant, Mirko lui rejure soumission et tendresse à toute épreuve. Et voici qu’à l’acte suivant, sans que nous ayons rien vu ou entendu de nature à motiver ce regrettable revirement, nous retrouvons le versatile Mirko irrémédiablement traître envers les siens, et livré à la belle courtisane Turque, dont il partage la vie voluptueuse. L’arrivée d’Aslar, en ce lieu de débauche, est dramatique, mais son dernier stratagème, consistant à tuer Mirko pour lui garder au moins sa réputation sauve, ne nous touche pas, car il ne s’immole pas lui-même pour le bien de son frère, et s’il tombe aussitôt, frappé à mort,