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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

c’est au hasard d’une balle de ses propres soldats venant mettre à feu et à sang le palais de l’ennemie.

Autre défaut du livret : Les situations et les personnages s’apparentent à Tannhaüser et à Carmen. De Tannhaüser, c’est le même conflit entre le ciel et l’enfer se disputant une âme. Dans la Montagne noire, Vénus est devenue Yamina ; Elisabeth, Héléna, et Wolfram, Aslar. Mais combien les « sujets » de Wagner, malgré le côté fabuleux de l’aventure, apparaissent humains et vrais de tout temps : Elisabeth, si « jeune fille », tendre et dévouée ; Tannhaüser, si fier et sensible malgré ses erreurs. Quelle émotion nous étreint pendant le défilé des pèlerins absous, parmi lesquels Elisabeth cherche en vain celui qu’elle attend, pour qui elle a tant prié et va offrir sa vie à Dieu ! Combien est poignant, un peu après, le récit de Tannhaüser, apprenant à Wolfram la malédiction éternelle qui l’accable, et quand, par désespoir, il va retourner à Vénus, que l’intervention de son ami est touchante d’après la tendresse devinée pour Elisabeth ! Enfin, le drame wagnérien nous laisse sur une impression pure et consolante ; Tannhaüser est sauvé du Vénusberg par le cher nom d’Elisabeth, et son âme rachetée par la pieuse fille donnant sa vie en expiation des péchés de celui qu’elle adore. Que nous sommes loin de ce mouton devenu enragé, nommé Héléna, dans l’opéra d’Holmès, de ce fâcheux Aslar, et de toutes les marionnettes de la Montagne noire !

Voyons maintenant les similitudes avec la Carmen de Bizet.