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LA MONTAGNE NOIRE. — LA MUSIQUE

La Montagne noire est construite sur plusieurs leit-motiv, qui l’enguirlandent comme une simple tonnelle. Les deux principaux devaient, dans l’esprit de l’auteur, former une intéressante opposition en personnifiant Yamina et Aslar, c’est-à-dire, d’une part, la séduction, la volupté, de l’autre côté, la loyale rudesse, le devoir ; là l’inexorable amour, ici l’inexorable honneur ! Un troisième leit-motiv symbolise le serment échangé entre les deux frères d’armes ; il a l’allure d’une marche héroïque, se montre consciencieusement à chaque allusion au pacte sacré, et à la fin, après la mort d’Aslar et de Mirko, tourne à la marche funèbre, affirmant ainsi son savoir-vivre de leit-motiv. Une quatrième phrase, d’un caractère populaire assez gracieux, revient à la mélancolique Hélèna.

En principe, je ne vois pas de raison pour être hostile au leit-motiv qui apporte une certaine unité dans les œuvres de longue haleine. Augusta Holmès n’en a pas mal joué dans son opéra, et a échafaudé adroitement son quadrille. À remarquer le trio entre Yamina, Hélèna et Mirko, où le chant de pieuse tendresse des fiancés est accompagné par la phrase voluptueuse de la Turque, semblant se rire des pures promesses et les narguer ; un peu plus loin, le thème d’Hélèna, déformé à l’orchestre en une insolente parodie, tandis que la rivale ennemie exprime sa colère devant les hésitations de Mirko, rend bien la situation, ajoute avec à-propos aux paroles et à l’impression. À la fin, la phrase de Yamina, devenue un accompagnement aux remords de