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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

Mirko, produit bien l’effet de l’enlacement fatal auquel l’amoureux monténégrin n’a pu se soustraire.

Malheureusement, ces motifs, si fréquemment entendus et bien combinés en général, ne sont pas heureux, même pour une audition unique. Cette méthode de composition exige, avec beaucoup de tact, une grande aisance technique procurant les moyens de varier, de transformer les thèmes par les modulations, le rythme, la polyphonie vocale et instrumentale. Pour supporter de fréquentes répétitions et même y gagner, des phrases dont la distinction ou la profondeur ne permet la complète pénétration qu’après plusieurs redites, sont les meilleures ; ou alors nous les voulons enchanteresses dans leur géniale simplicité ; je citerai comme modèle de ce genre celle qui personnifie la Salammbô de Reyer ; c’est un chef-d’œuvre de charme poétique, inoubliable autant qu’émouvante : d’emblée elle nous a conquis, nous l’avons nettement saisie, pourtant sans modification, et bien souvent elle peut réapparaître, nous n’éprouvons nulle lassitude, au contraire, chaque retour augmente notre ravissement et le porte jusqu’à une délicieuse extase. Or, Holmès ne se montre pas familière d’exquises simplicités, ou de subtilités savoureuses ; pour comble, sa notion du bon et du mauvais l’a abandonnée dans la Montagne noire, et ce sont les thèmes les moins heureux dont elle fait un usage immodéré. Se figurant créer une atmosphère conforme au sujet, répandre une intéressante couleur locale dans sa partition, notre musicienne a adopté, pour tout ce qui se rapporte à Yamina, l’allure traînante, les harmonies