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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/117

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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

La phrase d’Aslar, et celle qui illustre le fameux serment, si mal observé par Mirko, sont du genre grave et noble ; elles soulagent bien un peu de l’obsédant motif de l’héroïne, mais ne sont pas d’essence assez pure ou précieuse ; elles sont surtout trop ampoulées pour supporter victorieusement les redites accumulées, se dressant, avec ou sans l’emphatique Aslar, à chaque page, poursuivant, comme un remords acharné, le faible Mirko qui, entre elles et le thème de séduction de Yamina, mérite une profonde pitié.

Holmès s’est trompée foncièrement dans la Montagne noire ; elle a mal choisi son sujet et l’a médiocrement traité. En ce qui concerne la partition, ce sujet lui fut d’autant plus défavorable qu’il autorisa des allures orientales (qu’Holmès, insuffisamment soucieuse de raffinements, traduisit de façon vulgaire) et des crises passionnées dont l’auteur des Griffes d’or ne pouvait guère éviter l’abus et le laisser-aller. Sur un terrain brûlant, l’exacte mesure se perd facilement avec les natures ardentes, et cela sans qu’un contrôle soit possible pour déterminer la ligne distinguant le sublime du mauvais goût ou du ridicule.

Quand le libretto offre d’autres situations, l’inspiration s’améliore infiniment ; ainsi, nous trouvons au second plan, dans un style plus simple et agréable, le rôle d’Hélèna, qui est charmant ; celui de Dara, la mère de Mirko, et du prêtre Sava. Ce ne sont pas les seules bonnes pages de la partition. La scène d’introduction du premier acte ne manque ni de mouvement ni de couleur : pendant qu’au loin la fusillade éclate,