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LA MONTAGNE NOIRE. — LA MUSIQUE

les femmes prient et se lamentent, sauf Dara farouche et stoïque ; c’est, dans la note vigoureuse, le meilleur morceau d’ensemble. Il faut ensuite remarquer le chant d’entrée d’Aslar et de Mirko, presque constamment réuni et sans accompagnement, il est franc et hardi : l’air de Mirko : « Qu’ai-je donc ? pourquoi suis-je ainsi ? » exprime bien l’anxiété douloureuse et passionnée qui l’agite ; sa phrase : « Que de nuits, que de jours, j’ai supporté l’ineffable martyre ! » est pleine d’ardeur tendre, ainsi que le duo qui s’y enchaine ; au second acte, le Lied de Yamina empreint de mélancolie, sur un rythme persistant et original des bois qui accompagnent ; le duo d’un caractère religieux, entre Hélèna et son volage fiancé. Au quatrième acte, après un divertissement avec chœurs bien réussi dans le genre voluptueux, nous arrivons enfin à une scène émouvante, texte et musique : Pour s’étourdir sur son infamie, car il est tombé dans la pire débauche et a renié tous ses serments, Mirko, excité par Yamina et par d’impudiques Almées, s’enivre ; mais soudain, une voix étrangère réclame aussi : « À boire ! » À la stupéfaction de tous, c’est Aslar qui vient se mêler à l’orgie ! Cette feinte, pour faire jaillir ce qui peut subsister de bons sentiments chez l’amant de Yamina, provoque bien le sursaut espéré ; la déchéance du frère pur et loyal entre tous, bouleverse le frère coupable ! il s’arrache des bras de sa fatale maîtresse, il secoue l’ivresse qui le dominait, et crie avec horreur : « Va-t’en ! ici on se déshonore ! » Et Aslar répond : « Tu t’es déshonoré ! — Va-t’en, » répète Mirko éperdu, « on devient lâche ici !