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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/121

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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

— Tu l’es bien devenu ! — Moi, je suis perdu, damné ! Mais toi !! va-t’en. — Je me damne avec toi ! — Aslar fuir son pays ? — Ta patrie est la mienne ! — Ta gloire ?… — N’as-tu pas abjuré la tienne ? — Et ton Dieu ?… — Tu n’es plus chrétien ! » Ce duo pathétique est vivement rendu par le chant sobre et énergique, comme l’accompagnement, et Holmès a trouvé de véhéments accents quand Mirko donne à Aslar l’ordre suppliant : « Va-t’en ! va-t’en ! laisse-moi ! »

Un autre morceau parmi les meilleurs de l’opéra est le duo caressant, puis extasié, entre Mirko et Yamina à leur arrivée dans la Montagne. Bien développé, bien conduit sur des phrases tendres et harmonieuses qui se répondent, puis s’enlacent, il est bien accompagné et offre un contre-chant d’un effet très prenant. Chanté par Alvarez et Lucienne Bréval, il bénéficiait de la plus adorable des interprétations et ne pouvait que ravir l’auditoire ; du reste, le succès alla aux pages d’album permettant de jouir du talent des artistes dont, à l’unanimité, la presse loua le mérite et l’ardeur pour défendre une cause qu’il était impossible de faire triompher.

Froidement accueillie dans son ensemble, la partition n’eut que peu de représentations ; dans les coulisses on l’appelait « le Four noir ». Certes, elle comportait des erreurs capitales et ne pouvait fournir une bien longue carrière, cependant elle méritait un sort moins sévère ; des raisons indépendantes de ses faiblesses ne furent pas étrangères à son échec, qui, en tout cas, se trouva accentué par une sorte de cabale, méchamment