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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/33

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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

sements ne se produisent que dans le cas où les opinions, non complètement divergentes, sont susceptibles de se fondre un peu et de s’amalgamer l’une avec l’autre.

Sans doute César Franck reconnaissait chez son élève un réel tempérament de musicienne, mais il est difficile de croire qu’il prit au sérieux un talent aux antipodes de ce qu’il cultivait dans ses propres compositions : l’élévation, la sérénité, une écriture et un style aussi savants que châtiés. Il eût fallu, chez Holmès, réglementer l’exubérance, car on ne pouvait la lui ôter ; épurer, sans l’exiger trop éthérée, la passion où Holmès appuyait trop, et modérer un goût extrême pour les gros effets. Cela était encore bien loin de l’idéal de Franck pour qu’il se limitât à ces régions tempérées, où son élève eût trouvé atmosphère à sa convenance.

Augusta Holmès pouvait admirer son maître, elle ne communiait pas avec lui, qu’elle s’en rendît ou non compte. Dans ces conditions elle ne devait rien glaner des gerbes hors de sa portée. Si ce désaccord ne favorisa pas le perfectionnement d’Holmès, elle n’en est pas responsable ; on ne peut l’acquitter de même pour ce qui tient au côté matériel de l’enseignement. Sur ce terrain ferme reposent des règles ne permettant aucune liberté d’interprétation et ne se pliant à aucune considération personnelle ; il est inadmissible que Franck ne les ait pas indiquées à son élève, et si l’élève avait voulu s’y astreindre, elle eût possédé des ressources techniques dont l’absence se fait fréquemment sentir dans ses ouvrages.