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LES ERREURS FONDAMENTALES D’AUGUSTA HOLMÈS

l’auteur de la Tétralogie en écrivant, à son exemple, les poèmes de sa musique et en cultivant le « Leit-Motiv » ).

Malheureusement, ces moyens, loin de hausser l’ambitieuse imitatrice jusqu’à son trop colossal modèle, semblent plutôt l’avoir desservie, en détournant une application, dont des parties fondamentales eussent pu bénéficier, au profil d’un système, intéressant, déplaisant ou insignifiant, selon le talent ou la médiocrité de qui l’emploie ; là encore se distingue le défaut de jugement d’Augusta Holmès pour classer chaque chose selon son importance.

Le sens critique de soi-même, l’esprit méthodique, la discipline mentale, la volonté patiente, sont qualités antiféminines, s’y assujettissent moins que tout autres les femmes favorisées par des dispositions artistiques supérieures, éblouies qu’elles sont par les splendeurs de leur but et étourdies par l’orgueil de s’y sentir entraînées[1].

Pourtant, en se laissant subjuguer par Wagner, que tant de soi-disant musiciens bafouaient, Augusta Holmès prouvait une intelligence et un sens très vif de la musique ; elle se trompa en voulant s’assimiler ce qui était inassimilable, surtout pour son imparfaite préparation à pareil aliment, mais son appréciation lui fait honneur.

  1. Un peintre célèbre, en parlant d’exposantes, déclarait dernièrement : « Les femmes ont souvent plus de talent que les hommes ; ce qui leur manque, c’est l’application, le travail, la patience. »
    Les musiciennes ne sont donc pas seules sujettes à certaines lacunes dans l’organisation, ni seules à en pâtir.