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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

juger avec sévérité et volonté de perfectionnement, au lieu de s’exagérer la valeur et les raisons d’être des hommages flatteurs qu’on leur décerne. Toujours la présomption, la légèreté, le défaut de jugement, sont les écueils où se brisent des facultés fragiles mais fortifiables. Ces facultés ne peuvent être niées ; on ne peut pas non plus exactement les connaître tant qu’elles n’auront été soumises à une méthode toute différente de celle dont on a coutume, et astreintes à un régime sévère et volontaire, inspiré à la femme même, par la conviction de ses erreurs.

On remarquera que persévérance et dépense intellectuelle sont souvent mises en jeu par les femmes, s’il s’agit de carrières auxquelles on les croirait bien moins aptes qu’à la musique. C’est justement leur facilité pour la musique qui les égare, et le côté séduisant, accessible, de cet art, qui leur fait perdre conscience de ses difficultés fondamentales, au moins égales à celles que présentent les études scientifiques conduisant aux plus graves examens.

Dans l’ignorance absolue d’une puissance qui ne se dévoile que peu à peu et ne livre ses trésors que contre le maximum d’efforts en sa faveur, on est bien forcé d’y donner, sans réserve, ses facultés, de l’étudier dans tous ses détails et d’user de tous les moyens pour la conquérir ou l’approcher.

Au contraire, quand par intuition nous nous sentons naturellement familiarisées avec la conquête souhaitée, nous pensons la faire à peu de frais, et du coup nous