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AU DÉCLIN

mitations wagnériennes, la partition parut déjà démodée, vieillie, avec des prétentions. Puis ces quatre actes formaient un spectacle bien lourd étant donné leur peu d’intérêt et leurs défauts. « Intelligemment allégé », me disait un des plus admirables interprètes de la Montagne Noire, « et réduit de manière à permettre un ballet en complément de spectacle, — ce qui à l’époque répondait au goût du public — l’ouvrage se serait maintenu avec un sort meilleur ; mais quand on parla de « coupures » à Holmès, elle se cabra, inflexible ; quelques insinuations fort sages, sur l’opportunité de s’aider pour son instrumentation des conseils d’un Maître, ne furent pas mieux accueillies… »

L’orgueil l’aveuglait, elle comptait sur un triomphe, et des amis trop empressés lui assuraient sa promotion dans la Légion d’honneur.

Donc la Montagne Noire tomba, on peut dire que sa chute écrasa son auteur, qui ne voulut voir dans ce cruel insuccès que malveillance et parti pris. Pourtant, plusieurs années après, en 1902, abattue par de douloureuses épreuves, comprenant peut-être quelques-unes de ses erreurs, Holmès devait se résoudre aux coupures si fièrement refusées naguère, et dans l’espoir de faire accepter la Montagne Noire à l’Opéra de New-York où, étant engagé M. Alvarez la proposait, elle autorisait, par un écrit daté du 30 octobre 1902, son illustre interprète à réduire, ainsi qu’il le jugeait à propos, les proportions de l’ouvrage qu’il avait créé sept ans auparavant. Cette autorisation arriva trop tard, les