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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/58

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IMPERFECTIBILITÉ DE LA FEMME. — ANTOINE RUBINSTEIN

ment très sensible, ni une orientation différente indiquant abondance de ressources, besoin de se renouveler, ou inquiétude de recherches.

Chez les hommes au contraire, l’effort vers une forme plus raffinée apparaît souvent quand ils furent simples en commençant, et, par un naturel mouvement opposé, certains de nos modernes, ayant d’abord sacrifié outre mesure aux raffinements excessifs, ont des chances de revenir à la source intarissable de beautés simples et pures. Comparez entre elles-mêmes des œuvres échelonnées de Beethoven, de Wagner, de Verdi, de Liszt, pour ne citer que ceux dont les diverses « manières » sont universellement classées. J’ai remarqué, très accentuées aussi, ces tendances au perfectionnement dans l’œuvre d’un compositeur à qui on peut reprocher, comme à Augusta Holmès, d’avoir trop agi sous l’empire de son exceptionnelle facilité, insouciant de négligences fatales ou de condensabilité précieuse : je parle d’Antoine Rubinstein.

Malgré ses imperfections et le tort impardonnable de n’être pas « national », ce fut bien un artiste de génie. Organisation hors ligne, cerveau puissant, caractère personnel, sont les termes qualificatifs les mieux justifiés par le grand pianiste russe que, de plus en plus, on semble vouloir annuler comme compositeur. Dernièrement on lui déniait toute originalité en relevant dans certains passages de sa musique des ressemblances fugitives avec tel autre auteur. Mais où n’en trouverait-on pas si on voulait rechercher les petites bêtes de ce genre ! Si je faisais de Rubinstein le sujet