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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/61

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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

nuer : Et avec tous les motifs à peine ébauchés de ses ouvrages un autre compositeur eût écrit un opéra riche en mélodies.

Mais s’il ne sut pas toujours se résumer ou s’il n’en prit pas la peine, s’il jeta au vent plus qu’il ne devait récolter, il y avait en lui une puissance, une abondance d’inspiration qui ne permettent plus le parallèle avec les « compositrices » ; son écriture, souvent hâtive ou en longueur, relève d’une science tout autre que l’indigente éducation féminine ; enfin, entre ses œuvres de jeunesse et celles de sa maturité, il existe un changement considérable, un acheminement ferme vers un style plus élevé, vers une esthétique plus sévère, vers des recherches harmoniques d’un intérêt bien supérieur à celui de ses premières compositions. Son opéra Néron, malgré des longueurs, est fort beau et porte la griffe du lion. On en peut dire autant du Concerto en ré mineur pour piano, de la quatrième sonate de piano, qui ont vraiment grande allure, et d’infiniment de compositions de genre divers ; mais il faut faire un choix dans l’œuvre colossale et inégalement intéressante (se surpassant beaucoup vers la fin).

En considérant les ouvrages d’Augusta Holmès et

    corps et âme ! En d’autres moments, c’était une fougue irrésistible, entraînante comme un cyclone de flammes.

    Sans un geste inutile, sans qu’un muscle de sa face beethovienne bougeât, ce géant robuste se donnait avec une telle passion à ses exécutions qu’il sortait du piano écrasé de fatigue, la sueur ruisselant de son visage soudain creusé, ravagé comme par une souffrance passionnée. Ses doigts pouvaient manquer des notes, c’était avec son âme qu’il jouait du piano.