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Page:Barillon-Bauché - Augusta Holmès et la femme compositeur, 1912.pdf/64

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LA LYRE D’AUGUSTA HOLMÈS

« homme[1] ! ». Cette opinion peut passer pour une boutade vis-à-vis de qui n’aime pas la musique ; ses fervents en jugent autrement, et sans charger de tous les péchés du monde le barbare philistin impénétrable au plus captivant, au plus répandu des Arts, il faut bien reconnaître que cet homme-là est un inférieur, soit par l’intelligence, soit par le cœur, à coup sûr par les satisfactions qui lui sont permises puisque celles que procure la musique n’existent pas pour lui.

Dans le camp opposé je ne prétends pas attribuer l’absolue perfection à la totalité des musiciens. Mais d’abord ce titre est fréquemment usurpé sans justification. Il existe une foule de gens nuls, en quête d’une apparence de raison d’être. « Amateur de musique » ne se met pas encore sur les cartes de visite, mais ça tient lieu de nom et de profession. « Musicien » atteint à une allure noble dans la simplicité, « Artiste » a du prestige, « Dilettante » est excessivement select, et la qualité de Mécène confère à qui peut s’en prévaloir des mérites surnaturels !!

En faisant servir un culte à de mesquines prétentions on le diminue forcément aux regards superficiels et on déplaît aux plus perspicaces ; cependant si on le tire un peu à soi, on se hausse aussi un peu à lui et, en somme, pour déplaisants qu’apparaissent ceux qui se posent en dignitaires de l’art sonore, ils eussent, sans musique, été pires. Ce qui les aggrave, c’est l’importance que,

  1. « The man that hath no music in himself is fit for treason, stratagems and spoils. No such man be trusted. »
    (Shakespeare.)