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AUGUSTA HOLMÈS ET LA FEMME COMPOSITEUR

crètes grisailles, les ombres mystérieuses, les clartés étranges, les doux effacements, les estompages savants, les idéales lueurs, les tonalités chatoyantes, les sombres profondeurs mettant en relief des touches lumineuses, la sobre somptuosité des draperies. Ni l’émouvante simplicité des grands classiques, ni la séduction délicate de l’ancienne école italienne, ni la poésie enchanteresse de Schumann, ni la grâce pathétique de Schubert ne trouvent un écho dans les mélodies d’Augusta Holmès ; tout y est en dehors, tout est pavoisé ; les sentiments s’extériorisent sans rien laisser à deviner, les phrases se déploient sans rien laisser à découvrir et les accompagnements, en général homophones et plus soucieux d’effets faciles que de fines recherches ou d’intéressantes variantes, suivent, sous trois couplets uniformes presque toujours pour la musique.

En considération du nombre de ces pièces de chant, il faut y apprécier de la facilité, de l’abondance dans l’inspiration, de l’élan, des moments d’enthousiasme un peu gros, mais sincère, et quelque agrément pour l’oreille, une oreille un peu complaisante.

On pourrait faire un choix et retenir une vingtaine de mélodies intéressantes ; « Le Chevalier Belle Étoile » offre des strophes variées d’une envolée un peu supérieure, la poésie dépeint une légende assez mouvementée, l’accompagnement n’y demeure pas indifférent ; une partie, dont l’allure est juvénile, élancée comme le fier et pur Chevalier, semble inspiré par le 6/8 si caractéristiquement rythmé qui soutient la deuxième phrase