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LES ARGONAUTES

nautes, hantés par la vision merveilleuse et stimulés par l’entraînant Jason. Le chœur des Sirènes qui, ensuite, s’efforcent d’amollir le courage des guerriers et de les détourner de leur projet, est séduisant ; son effet pouvait s’augmenter des interruptions indignées de Jason, rappelant ses compagnons à leur mission, et leur faisant honte de leurs tentations devant les caressants appels des Sirènes. Le contraste, heureux comme idée, n’est pas assez fortement indiqué ; les phrases du fils d’Eson, trop brèves, ne tranchent pas assez sur le caractère voluptueux du chœur ; elles ramènent néanmoins la troupe un moment ébranlée, et bientôt la terre promise apparaît ! Un chœur agréable célèbre l’arrivée triomphante des Argonautes.

La troisième partie se déroule dans le bois sacré, où les prêtresses d’Hécate se livrent, sous les yeux de Médée, à des danses magiques. Présentées d’abord en prélude, ces danses offrent un joli effet de rythme, d’une originalité qu’on aimerait à trouver plus souvent ; le chœur qui bientôt s’y mêle, répétant le dessin de l’orchestre, complète heureusement ce morceau. Mais Jason paraît et la passion soudaine de Médée provoque, dans la partition, des écarts de voix dont l’auteur abuse dès qu’elle veut traduire les sentiments violents de l’âme ; — sans doute ce procédé lui semble un symbole des écarts auxquels la passion entraîne ses victimes ! — Le duo entre Jason et la fille du roi de Colchide est terne ; quelques passages bien inspirés, puis des banalités, du vide, du remplissage, de médiocres commentaires à l’orchestre ; d’ailleurs, sauf le