Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/135

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palais ; on attrape un petit air de danse sans rien payer, et on se dit : Hé, hé, ce sont mes étoffes qui dansent, mes belles étoffes du bon Dieu, sur le cher corps de tous ces braves et loyaux seigneurs.

L’ORFÈVRE, ouvrant aussi sa boutique.

« Il en danse plus d’une qui n’est pas payée, voisin ; ce sont celles-là qu’on arrose de vin et qu’on frotte aux murailles avec le moins de regret…. »

Ils continuent à discuter en enlevant leurs volets.

« Que Dieu conserve Son Altesse ! conclut le marchand à l’instant de rentrer. La cour est une belle chose.

—La cour ! riposte l’orfèvre du seuil de sa boutique ; le peuple la porte sur le dos, voyez-vous ! »

Ces bonnes gens-là n’avaient vu de leur vie l’Arno ni le Ponte-Vecchio. Ils habitaient rue du Bac, au coin du quai, et ils ont été les fournisseurs de nos grand’mères.

Le reste du théâtre de Musset a pour sujet presque unique, mais infiniment divers, l’amour. L’amour chez la jeune fille, chez la femme, chez la coquette, chez l’épouse chrétienne ; l’amour chez Alfred de Musset à différents âges : adolescent candide ou homme blasé, et dans toutes ses humeurs : joyeux ou mélancolique, ironique ou passionné. Car il s’est mis dans tous ses amoureux, n’étant jamais las de dire sa pensée sur la chose du monde qu’il estim