Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/139

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mourir. »

La Jacqueline de la réalité demeura insensible à ce doux langage et aux reproches dont Fortunio l’accabla en découvrant qu’il avait servi de paravent au capitaine Clavaroche. Elle ne se repentit pas du crime qu’elle avait commis contre l’amour en trompant le cœur novice et confiant où sa science perverse avait fait éclore la passion ; en y insinuant ce venin du soupçon dont il ne guérit jamais ; en jouant « avec tout ce qu’il y a de sacré sous le ciel, comme un voleur avec des dés pipés » ; et elle sourit du mal qu’elle avait fait.

Les Caprices de Marianne ont paru le 15 mai 1833. Musset y a mis une part de lui-même dans deux de ses personnages. Octave, le précoce libertin dont les dehors brillants recouvrent un sépulcre blanchi où dort la poussière des illusions généreuses de la jeunesse, c’est Musset, c’est son mauvais moi à l’inspiration sensuelle et blasphématoire, le meurtrier de son génie. « Je ne sais point aimer, dit Octave. Je ne suis qu’un débauché sans cœur ; je n’estime point les femmes ; l’amour que j’inspire est comme celui que je ressens, l’ivresse passagère d’un songe…. Ma gaieté est comme le masque d’un histrion ; mon cœur est plus vieux qu’elle ; mes sens blasés n’en veulent plus. »

L’amoureux Coelio, c’est encore Musset, le Musset des bonnes heures, timide et sensible, un peu triste de l’immoralité d’Octave, auquel il fait d’inutiles représentations. J’ai déjà dit combien cette dualité était marquée chez l’auteur. « Tous ceux qui ont connu