Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il se croit désespéré, il voit la laideur et l’inutilité du monde—parce qu’il n’aime plus. Il a, comme Musset, l’amour de l’amour, et, après chaque expérience, le dégoût invincible, et, après chaque dégoût, l’invincible besoin de recommencer l’expérience, et dans la satiété toujours revenue le désir toujours renaissant ; en somme, la grande maladie humaine, la seule maladie, l’impatience de n’être que soi et que le monde ne soit que ce qu’il est, et l’immortelle illusion renaissant indéfiniment de l’immortelle désespérance…. »

Le Fantasio de la comédie entreprend pieusement de rompre un mariage qui serait une offense envers le divin Éros. Il s’affuble de la bosse et de la perruque du bouffon de la cour, enterré la nuit d’avant, s’introduit au palais…. Lira le reste qui veut, car cela ne s’analyse pas. C’est un doux rêve dialogué, par lequel il faut se laisser bercer sans exiger trop de logique et sans craindre de laisser vaguer son imagination. Les initiés aimaient à y chercher des sens symboliques. On se rappelle la première rencontre de la princesse avec Fantasio, dans le jardin du roi :

ELSBETH, seule.

« Il me semble qu’il y a quelqu’un derrière ces bosquets. Est-ce le fantôme de mon pauvre bouffon que j’aperçois dans ces bluets, assis sur la prairie ? Répondez-moi ; qui êtes-vous ? que faites-vous là à cueillir ces fleurs ? (Elle s’avance vers un tertre.)