Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/175

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pauvre bête a commencé par faire en recevant cette réponse immortelle, ou du moins digne de l’être ?

« Il (c’est moi) a commencé par pleurer comme un veau pendant une bonne demi-heure.

« Oui, marraine, à chaudes larmes, comme dans mon meilleur temps, la tête dans mes mains, les deux coudes sur mon lit, les deux pieds sur ma cravate, les genoux sur mon habit neuf, et voilà, j’ai sangloté comme un enfant qu’on débarbouille, et en outre j’ai eu l’avantage de souffrir comme un chien qu’on recoud…. Ma chambre était réellement un océan d’amertume, comme disent les bonnes gens…. »

Ce grand désespoir produisit les vers un peu trop cruels Sur une morte (1er octobre 1842).

Musset semblait prendre à tâche de se faire une réputation de frivolité, dans le pays du monde où elle est le moins pardonnée. L’heure de la gloire approchait pourtant. Il est très difficile de suivre le travail latent qui se fait lentement dans l’esprit du public et qui aboutit tout d’un coup à une explosion de célébrité, surtout quand il s’agit d’un écrivain imprimé depuis longtemps. On peut noter quelques indices, hasarder quelques conjectures ; il reste toujours une part de mystère. Le revirement en faveur de Musset a été précédé de symptômes qui étaient assurément très significatifs. Ils sont loin, cependant, de tout expliquer.

Au printemps de 1843, l’enthousiasme excité par