Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/18

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Thomas Simplicien. Les jeunes gens de la famille se trouvaient chez lui en pays de Cocagne, mais il ne comprenait rien au romantisme.

Le père d’Alfred de Musset, M. de Musset-Pathay, beaucoup plus jeune que le marquis, n’en voulait pas comme lui à la Révolution, qui lui avait rendu le service de lui ôter son petit collet et lui avait donné son empereur. Il avait entremêlé dans son existence la guerre, la littérature et les fonctions publiques. La même diversité se retrouve dans ses écrits, où il y a un peu de tout : roman, histoire, récits de voyages, travaux d’érudition. Sa biographie de Rousseau, où il prend sa défense contre la coterie Grimm, est une œuvre patiente et sérieuse, et il avait d’autre part le goût et le talent des vers plaisants. Gai, spirituel, prompt à la riposte et mordant à l’occasion, c’était au demeurant le meilleur des hommes. Il fut un père aimable, trop indulgent, très XVIIIe siècle d’esprit. Ce dernier point est à retenir.—Pas plus que son oncle le marquis, M. de Musset-Pathay ne comprenait rien au romantisme.

Il avait une sœur chanoinesse, ancienne pensionnaire de Saint-Cyr et confite en dévotion. Elle habitait à Vendôme, dans un faubourg, une petite maison moisie, où elle avait tourné tout doucement à l’aigre entre des chiens hargneux et des exercices de piété. Quelques lignes d’un de ses neveux[1]

  1. De Paul de Musset, dans la Biographie d’Alfred de Musset. Ce volume est précieux par les renseignements qu’il contient sur la famille de Musset et sur la jeunesse du poète. On ne doit toutefois le consulter qu’avec une certaine défiance. Il s’y trouve partout des inexactitudes et des inadvertances, et, à partir d’un moment que nous indiquerons, ces inexactitudes sont volontaires, et calculées en vue de dérouter le lecteur.