Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/19

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donnent à penser qu’elle n’était pas dépourvue, elle non plus, du don de repartie, et qu’elle était de taille à tenir tête à son frère.—Elle faisait peu de cas de la littérature ; toutefois elle admettait une distinction entre la prose et les vers : la prose était besogne basse, à laisser aux manants ; les vers étaient la dernière des hontes, une de ces humiliations dont les familles ne se relèvent pas.

La lignée maternelle d’Alfred de Musset n’était pas moins savoureuse. Son aïeul Guyot-Desherbiers, qui avait été jadis de robe, et avait fréquenté les idéologues, avait l’imagination poétique, l’esprit jaillissant et gai. Il était sorti de ce mélange un Fantasio XVIIIe siècle, plus mousseux encore que celui que nous connaissons, et ne lui cédant en rien pour le pittoresque du langage, mais sans la note mélancolique et attendrie du héros de Musset. M. Guyot-Desherbiers ne songeait guère à s’apitoyer sur les peines des princesses de féerie ; en revanche, il avait sauvé des têtes, et non toujours sans péril, pendant les convulsions qui suivirent le 9 Thermidor. Ses petits-fils purent jouir de sa verve intarissable ; Fantasio devenu grand-père était resté Fantasio. Il mourut chargé de jours en 1828.—M. Guyot-Desherbiers faisait des vers à ses moments perdus.