Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/26

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fut externe à Henri IV à partir de la sixième et fit de bonnes études. Il reçut quelquefois des coups de poing. J’aime à croire qu’il en rendit. Il nous a dit le reste dans les Deux Maîtresses. « Ses premiers pas dans la vie furent guidés par l’instinct de la passion native. Au collège, il ne se lia qu’avec des enfants plus riches que lui, non par orgueil, mais par goût. Précoce d’esprit dans ses études, l’amour-propre le poussait moins qu’un certain besoin de distinction. Il lui arrivait de pleurer au beau milieu de la classe, quand il n’avait pas, le samedi, sa place au banc d’honneur. » Quelquefois, aux vacances, son père l’emmenait en visite dans sa famille, et il assistait à une escarmouche avec sa tante la chanoinesse, ou bien il avait le bonheur sans pareil de coucher dans la chambre à cachette de son oncle le marquis. C’est tout ce qui lui arriva entre neuf et seize ans.

En 1827, il obtint le second prix de philosophie au grand concours. Dans sa composition, l’élève Musset[1] traitait les pyrrhoniens de sophistes, ainsi que l’exigeaient les convenances, mais il ajoutait que peu importerait qu’ils eussent raison, « pourvu que ce qui est ne change pas et ne nous soit pas enlevé, dummodo quæ sunt, nec mutentur, nec eripientur » ; ce qui paraît au fond assez pyrrhonien. Après la distribution

  1. Voici, pour les philosophes, le sujet de la composition : Quænam sint judiciorum motiva ? an cuncta ad unum possint reduci ? Musset concluait que tous les motifs de jugement peuvent se ramener à l’évidence.