Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/32

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Le collégien « bien malheureux » de la lettre à Paul Foucher allait donc entrer dans le monde l’âme empoisonnée de germes de dégoût. Un autre mal, qu’il partageait aussi avec beaucoup de contemporains, empêchait la plaie de se fermer : « J’ai eu, écrivait-il longtemps après, ou cru avoir cette vilaine maladie du doute, qui n’est, au fond, qu’un enfantillage, quand ce n’est pas un parti pris et une parade. » (A la duchesse de Castries,1840.) Il ne s’agit pas seulement ici de tiédeur religieuse, mais de cette espèce d’anémie morale qui fait qu’on n’a plus foi à rien. Musset attribuait le fléau à l’influence des idées anglaises et allemandes, représentées par Byron et Goethe. Quoi qu’il en soit, le mal existait, et il contribuait à la « défaillance générale » dont parle M. Maxime Du Camp. Musset en avait été atteint à l’âge où il est le plus important de croire à n’importe quoi.