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CHAPITRE II

MUSSET AU CÉNACLE ROMANTIQUE


Les deux années qui suivirent sa sortie du collège furent décisives pour son développement. Il avait l’air de ne rien faire : « Sous le prétexte de faire son droit, dit-il de lui-même dans les Deux Maîtresses, il passait son temps à se promener aux Tuileries et au boulevard. » Il laissa bientôt le droit pour la médecine, mais la salle de dissection lui fit horreur ; il s’enfuit, ne put dîner, rêva de cadavres et renonça solennellement à avoir une profession. « L’homme, déclara-t-il à sa famille, est déjà trop peu de chose sur ce grain de sable où nous vivons ; bien décidément, je ne me résignerai jamais à être une espèce d’homme particulière. »

Malgré les apparences, il était fort loin de perdre son temps. Paul Foucher l’avait amené tout enfant chez Victor Hugo. Il y retourna assidûment après avoir quitté les bancs, et fut le Benjamin du fameux Cénacle. Alfred de Vigny, Sainte-Beuve, Mérimée,