Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/75

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chronique, qui n’empêchait pas Musset d’être amoureux—au contraire,—ne valait rien pour un homme relevant à peine d’une fièvre cérébrale. Il conseilla une séparation, qui s’accomplit le 1er avril (ou le 31 mars) par le départ de Musset pour la France. Le 6, George Sand donne à son ami Boucoiran, dans une lettre confidentielle, les raisons médicales de cette détermination, et elle ajoute : « Il était encore bien délicat pour entreprendre ce long voyage et je ne suis pas sans inquiétude sur la manière dont il le supportera. Mais il lui était plus nuisible de rester que de partir, et chaque jour consacré à attendre le retour de sa santé le retardait au lieu de l’accélérer…. Nous nous sommés quittés peut-être pour quelques mois, peut-être pour toujours. Dieu sait maintenant ce que deviendront ma tête et mon cœur. Je me sens de la force pour vivre, pour travailler, pour souffrir. »

« La manière dont je me suis séparée d’Alf. m’en a donné beaucoup. Il m’a été doux de voir cet homme si frivole, si athée en amour, si incapable (à ce qu’il me semblait d’abord) de s’attacher à moi sérieusement, devenir bon, affectueux et loyal de jour en jour. Si j’ai quelquefois souffert de la différence de nos caractères et surtout de nos âges, j’ai eu encore plus souvent lieu de m’applaudir des autres rapports qui nous attachaient l’un à l’autre. Il y a en lui un fonds de tendresse, de bonté et de sincérité qui doivent le rendre adorable à tous ceux qui le connaîtront bien et qui ne le jugeront pas sur des actions légères. »