Page:Barine - Alfred de Musset, 1893.djvu/96

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quelque chose de pis que ce que j’éprouve…. Adieu, adieu. Je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre…. Je ne t’aime plus, mais je t’adore toujours…. Reste, pars, seulement ne dis pas que je ne souffre pas. Il n’y a que cela qui puisse me faire souffrir davantage. Mon seul amour, ma vie, mes entrailles ; mon sang, allez-vous-en, mais tuez-moi en partant. » Musset aussi n’en pouvait plus. Il lui avait écrit qu’il faisait ses paquets. Comme il ne se décidait pas à partir et que la tempête d’amour et de colère faisait toujours rage ; comme, de plus, une femme qui a été quittée est disposée à prendre les devants pour ne pas l’être une seconde fois, George Sand complota une sorte d’évasion pour le 7 mars 1835 et alla se réfugier à Nohant.

George Sand à Boucoiran (Nohant, 14 mars 1835) : « Mon ami, vous avez tort de me parler d’Alf. Ce n’est pas le moment de m’en dire du mal…. Mépriser est beaucoup plus pénible que regretter. Au reste ni l’un ni l’autre ne m’arrivera. Je ne puis regretter la vie orageuse et misérable que je quitte, je ne puis mépriser un homme que, sous le rapport de l’honneur, je connais aussi bien…. Je vous avais prié seulement de me parler de sa santé et de l’effet que lui ferait mon départ. Vous me dites qu’il se porte bien et qu’il n’a montré aucun chagrin. C’est tout ce que je désirais savoir et c’est ce que je puis apprendre de plus heureux. Tout mon désir était de le quitter sans le faire souffrir. S’il en est ainsi, Dieu soit loué ! »