Page:Barni - Ce que doit être la République.djvu/22

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de la société française, quoique ce que je vais dire s’applique à d’autres qu’à elle, — la société française présente aujourd’hui un triste spectacle, qu’il ne faut pas exagérer, mais qu’il ne faut pas non plus dissimuler. Malgré la Révolution, qui a aboli les priviléges et effacé les distinctions de castes et de classes, elle semble encore divisée, sur beaucoup de points au moins, en deux classes ennemies : d’un côté les bourgeois, les patrons, les capitalistes ; de l’autre les ouvriers, les travailleurs ou ceux que l’on nomme improprement les prolétaires. Cette division faisait les affaires du despotisme, qui l’entretenait et l’envenimait, afin de se montrer aux uns et aux autres comme un sauveur, disant, ou plutôt faisant entendre, — car il y a des choses qu’il serait imprudent de dire expressément, mais qu’il suffit de faire entendre, — aux bourgeois : c’est moi qui vous protége contre les ouvriers, qui sans moi vous dévoreraient ; aux ouvriers : c’est moi qui vous protége contre les bourgeois, qui sans moi vous affameraient, et, sous ce beau pré-