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Page:Barni - Manuel républicain.djvu/56

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LES INSTITUTIONS RÉPUBLICAINES.

dont l’un, composé d’une seule tête et directement nommé par le suffrage universel, semblait fait en quelque sorte tout exprès, non-seulement pour tenir l’autre en échec, mais pour le supprimer et détruire la république. Il est vrai que le malheur a voulu que le président choisi par le peuple s’appelât d’un nom qui dès lors eût dû être maudit, du nom de Napoléon ; mais ce malheur n’était pas bien difficile à prévoir, et le danger subsistera toujours, avec plus ou moins de gravité, tant que le système de la présidence pourra livrer à des prétendants ou à des ambitieux sans scrupule le gouvernement de la république. Ce système présente de graves inconvénients même dans une république solidement assise, — on ne l’a que trop vu récemment en Amérique, après la mort de Lincoln ; mais il doit surtout être évité dans un pays qui, après avoir longtemps vécu sous le régime monarchique, travaille à fonder le régime républicain. C’est là surtout, en effet, qu’il faut écarter tout ce qui peut rappeler ou ramener le gouvernement personnel.

Le second système, celui qui remet le pouvoir exécutif à un conseil d’État, lequel se partage ou délègue les divers ministères qui correspondent aux grands services publics, semble s’accorder moins bien avec l’unité qu’exige le gouvernement, ct il peut même devenir, dans certaines circonstances, une source d’anarchie. Il a d’ailleurs été discrédité en France par l‘administration, trop souvent déplorable, du Directoire. Mais il faut reconnaître qu’il est, en définitive,