Aller au contenu

Page:Barni - Manuel républicain.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LES PEINES.

Non, parce que la peine de mort est irréparable, et que la justice humaine est toujours faillible[1].

Non, parce que la peine de mort enlève aux condamnés la faculté de s’amender, et qu’elle est ainsi contraire au but que toute peine doit se proposer dans une société morale et par conséquent vraiment républicaine.

Non, parce que la peine de mort offre au peuple un spectacle inhumain et barbare, qui n’excite que trop sa curiosité, et qu’elle l’accoutume à la cruauté, dont il faudrait au contraire étouffer en lui tous les germes.

Il est d’ailleurs démontré que la peine de mort n’a point l’efficacité qu’on lui attribue. Sur 167 condamnés qu’un aumônier de Bristol avait accompagnés à l’échafaud, 161 avaient assisté à des exécutions capitales. De nombreuses observations recueillies d’autre part confirment cette décisive expérience[2]. Aussi bien, dans les pays qui ont aboli la peine capitale, ne voit-on pas que le nombre des crimes ait augmenté et que la vie humaine soit moins respectée.

On ne saurait donc invoquer ici l’argument suprême de la nécessité, qui seul pourrait justifier la peine de mort, comme une application du droit de légitime défense, et dès lors les raisons que nous venons de rappeler conservent toute leur force.

Ne tuez personne, mais instruisez et moralisez tout

  1. Conf. La morale dans la démocratie, p. 208.
  2. Ibid. p. 206.