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L’APPEL AU SOLDAT

ruption Nelles, qui, flanqué de Suret-Lefort, fait une espèce de boniment.

— Quand vous voyez chez moi, mon cher comte, des membres de tous les partis, qui donc oserait soutenir que la fusion ne se fait pas ? Nos idées d’apaisement, ces hautes doctrines que le Général va porter demain à Tours, nous désirions qu’il les affirmât dans les Ardennes, sur la tombe d’un brave curé patriote… Nous nous inclinons devant d’autres convenances… Il ne faudrait pourtant pas négliger notre région. Voici une recrue précieuse, notre ami Suret-Lefort, qui se présente dans la Meuse, et à qui une visite du Général ferait du bien. Quant à moi, si vous venez parmi mes braves électeurs, je garantis à notre ami des ovations qui, tel que je vous connais, Dillon, vous arracheront des larmes.

Le grand confident leur offrit le concours de Laguerre, de Naquet. Ils protestèrent. Il se hâta de leur donner satisfaction.

Tous trois fendirent la cohue jusqu’à Boulanger :

— Vous savez, mon Général, c’est entendu avec Dillon, vous ne vous laissez pas arrêter avant que l’Est vous ait porté en triomphe.

— L’arrêter ! dit un invité. Paris se soulèverait.

— Vous devriez, mon Général, constituer autour de vous une garde du corps. Je sollicite l’honneur du poste le plus dangereux.

— Le danger, répondait le Général, j’entends l’assumer seul. Mais n’y croyez donc pas !

— Le duc de Guise aussi disait : « Ils n’oseront ! »

— Huit fois la France a été consultée et huit fois elle s’est prononcée pour la révision. Désormais, le parti national existe. Que le gouvernement me laisse