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LA VALLÉE DE LA MOSELLE

rien que maintenir l’ancienne dignité locale associée depuis quelques siècles à la grandeur française.

Sturel remerciait Saint-Phlin de le ramener toujours à contempler les choses dans leur développement. Metz, quand on la voit s’avancer du fond des siècles, devient intelligible et plus belle. Ces petites organisations, de types infiniment variés, écloses sur tous les points au moyen âge, n’ont pas été combinées par des professeurs de droit politique : chacune porte en soi sa véritable raison d’être et ses institutions trahissent clairement sa force interne. Les Messins n’eurent pas besoin de charte d’affranchissement, puisque personne ne les asservit : ils se bornèrent à consolider et à étendre des libertés traditionnelles par des efforts constants, contre la domination ecclésiastique et contre la féodalité allemande. À la fin du douzième siècle, une aristocratie surgit qui transforma le statut politique de la communauté, tout en achevant de la dégager de l’évêque et du comte. Cette aristocratie (les paraiges), analogue aux maisons guelfes et gibelines d’Italie ou bien au patriciat de Venise et des villes allemandes, s’empara de toutes les magistratures et gouverna la cité, de la fin du treizième siècle au seizième. L’autorité représentative appartenait au maître-échevin. Lorsqu’on baptisait un enfant des paraiges, on lui souhaitait « d’être une fois dans sa vie maître-échevin ou du moins roi de France ». Bien que cette aristocratie demeurât entr’ouverte aux hommes riches et aux maris de ses filles, cependant, comme c’est de règle, elle craignit d’avilir ses privilèges et, faute de recrutement, elle tendait à l’extinction. Dans cette année 1328 où l’esprit d’indépendance agitait en France, en Flandre, en