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L’APPEL AU SOLDAT

offres de conseils, voilà ce qu’il doit supporter vaillamment, avec des mots d’espoir. Et puis un coureur qui a passé le but, vainqueur ou vaincu, doit encore, pendant quelques instants, obéir à son élan et accomplir des mouvements désormais sans objet. Boulanger n’est pas libre de décliner des invitations aujourd’hui bien vaines, mais acceptées de longtemps. À la tombée du jour, il se fait voir dans les salons, au théâtre ; il essaye de convaincre la société anglaise qu’il n’y a dans cette surprise électorale qu’un incident réparable. Mais vienne la nuit, comme les pauvres malades, c’est à l’opium, dans les bras de sa maîtresse, qu’il demande le sommeil.

L’opium et l’ivresse des sens, versés l’un et l’autre par Mme  de Bonnemains, voilà les ressources de celui qui, dès le mercredi, donne à ses secrétaires le nouveau cliché à expédier sous mille et mille enveloppes à tous ses correspondants : « J’attends avec sécurité le jour de la revanche, qui est plus proche que vous ne croyez. Ayez confiance en moi, comme j’ai confiance en vous. »

Et des milliers de Français répondent : « Fidèles jusqu’à la mort. »