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LE BOULANGISME ET STUREL SE RESSERRENT

Si le rôle de l’homme qui l’introduisit dans la vie publique est terminé, Sturel se fortifie dans son intention de quitter le Parlement. Mais les autres jugent cette idée de retraite puérile. Rœmerspacher lui dit gentiment comme à un cadet :

— C’est toujours un bon cercle, le Palais-Bourbon. Où passeras-tu les après-midi ?

— Je n’abandonnerai pas ce qu’il y a d’intéressant dans la politique, telle que je l’ai toujours entendue ; j’irai travailler avec Boulanger. Il veut « se recueillir, méditer les leçons que contiennent les faits accomplis, propager ses idées ». Nous tâcherons d’élaborer un programme auquel puissent se tenir liés les partisans que son bonheur a suscités et que sa mort politique abandonnerait à l’anarchie.

On ne voulut pas le comprendre.

— Démissionner de quoi que ce soit, disait Suret-Lefort, c’est toujours une faute.

Aussi bien, pourquoi Sturel cherche-t-il des approbations préalables ? Qu’il démontre l’excellence de son projet en agissant. Mais il s’entêtait à solliciter l’appui de Saint-Phlin, sous prétexte que, le long de la Moselle, ils avaient rêvé ensemble de remédier à l’indigence de la pensée politique, et projeté de vulgariser des vues un peu saines sur la restauration profonde de la chose publique ?

Pour l’instant, le jeune traditionaliste ne songeait qu’à faire admirer sa petite femme, de cheveux blonds et de ton péremptoire. Il se rangeait à l’avis de Suret-Lefort, parce que, désireux de maintenir à Varennes son rôle de patron, il trouvait dans le député radical, préoccupé de plaire aux conservateurs meusiens, le plus obligeant intermédiaire au-