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L’ÉPUISEMENT NERVEUX CHEZ LE GÉNÉRAL

Cependant il parlait de l’exilé sur un ton respectueux et même avec sympathie :

— Quand je pense aux gredins qui le traitent de concussionnaire ! Bouteiller, par exemple, quelle fripouille ! Ah ! celui-là ! si l’on étale jamais son rôle dans le Panama ! C’est la campagne que vous autres, boulangistes, vous devriez entreprendre. Voilà votre vrai rôle d’antiparlementaires, au lieu de vous éterniser en tentatives pour galvaniser une popularité morte.

— Je suis tout prêt à en parler au Général, mais je n’ai pas les documents.

— Des preuves, au sens juridique, existent-elles ? Faites du moins un historique exact, et puis osez le publier et le maintenir.

— L’audace, dit tranquillement Sturel, ne me manquera pas, si je sais que je possède la vérité.

— As-tu rencontré un petit juif nommé Arton ? C’est lui qui achetait les députés.

— Il ne fournira pas un dossier qui le mènerait au bagne.

— Renaudin sait beaucoup de choses.

Sturel fit un geste de dégoût, que Suret-Lefort trouva puéril.

— J’ai décliné, tu le sais, de l’assister sur le terrain, et je me serais abstenu de suivre son enterrement. Mais enfin, il vit. Eh bien l pour cinq cents francs, avec ses souvenirs de Portalis, du baron de Reinach, de Bouteiller, avec tout ce qui filtre dans les bureaux de rédaction, il te gâchera une sorte de monstre que nous n’aurons plus qu’à vérifier.

Sur les répugnances de Sturel, Suret-Lefort, après avoir répété, plusieurs fois : « Ça n’est pourtant pas