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JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

der s’il est en votre pouvoir, comme je le crois, d’apaiser la polémique de la Libre Parole et de la Cocarde.

À quoi Herz répondit que ce n’était plus en son pouvoir, que, s’il avait été prévenu plus tôt, il aurait peut-être pu le faire par des influences personnelles.

Tel est le récit de MM. Rouvier et Clemenceau. Ils insistent sur ceci qu’ils ne parlèrent ni l’un ni l’autre. Cette courte visite aurait été une espèce d’entrevue de sourds et muets. On procédait par signes comme au chevet d’un moribond. M. de Reinach parut tout à fait déconcerté. Ses gestes plus que ses paroles suppliaient. Extraordinairement nerveux, il avait un parler saccadé et pénible.

« Je ne me souciais pas de prolonger la visite, a déclaré Rouvier ; j’y mis fin dès que je le pus. »

Voici la déposition de M. Clemenceau : « Quand M. de Reinach vit que Cornelius Herz était hors d’état de faire quelque chose pour lui, après avoir insisté par des mots qui indiquaient qu’il avait le plus grand désir d’aboutir à tout prix, par quelque moyen que ce fût, il se leva et vint à moi en me disant : — Je vous en prie, vous ne pouvez me refuser cela, menez-moi chez M. Constans ! — Vous pouvez y aller seul. — Non, répliqua Reinach, ce n’est pas la même chose. Venez avec moi. »

L’inculpé, le ministre et Clemenceau quittèrent