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JOURNÉE D’AGONIE DE REINACH

— Quel que soit votre plan, inutile, n’est-ce pas ? de raconter à Rouvier que le papier m’a passé par les mains. Je ne sais si Reinach lui en a dit un mot. Ce n’est pas d’ailleurs que je tienne à ménager ce Rouvier ! Ah ! si vous vouliez, Cornelius, quelle bonne campagne à faire avec vos dossiers sur Panama : à nous deux, nous écraserions l’opportunisme !

Mais la porte s’ouvrait. Et Reinach disait :

— J’aurais beaucoup de reproches à vous faire, Herz, vous m’avez pris mon argent et des documents que je n’aurais pas dû vous livrer ! Enfin me voici et M. Rouvier m’accompagne. Nous venons vous demander, quelles que soient vos conditions, de ne rien donner à la publicité. M. Clemenceau est au courant de tout ; il sera témoin de notre engagement, nous sommes à votre merci.

— Non, répondait Herz, il y a quelque temps je vous ai dit qu’avec six millions je me chargeais de tout arranger ; mais vous avez laissé passer le moment.

— Je ne les ai pas, ces six millions, suppliait Reinach, mais je suis prêt à souscrire tous les engagements.

— Non, c’est inutile. Vous vous trompez, je n’agirai pas contre vous. Vous et vos amis, vous n’avez pas eu confiance, vous avez négligé mes offices qui, d’ailleurs, aujourd’hui, arriveraient